Milan Jovanović

Le mouvement de la bande dessinée adulte

Mebijus /Moebius/, „Arzak“ /Arzach/, „Darkwood“ i „Čarobna knjiga“, Beograd, 2014.

Pour bien comprendre la naissance de Moebius et tous les auteurs proches à sa sensibilité, aussi bien que cette nouvelle approche à la bande dessinée, nous devons prendre en conscience le contexte temporel dans lequel ce Big Bang est venu. Vers la fin des années soixante, tout fonctionnait par des règles claires, établies dans les bandes dessinées francophones d’après guerre. S’agissait-il de l'esprit du temps ? Et quel rôle dans tout cela avait les manifestations d’étudiantes en France et dans toute l'Europe, c’est aux sociologues à étudier. Quoi qu'il en soit, de ce temps émerge une nouvelle vague d'auteurs qui sont à la recherche de nouvelles expressions visuelles et narratives qui n'ont pas pu être atteints dans le cadre existant. Déjà au début des années soixante-dix, on pouvait sentir le premier tremblement de terre dans le système d’éditeurs, qui changera à jamais le visage de la bande dessinée moderne, seulement quelques années plus tard. L’initiative avec laquelle tout a commencé, aujourd'hui officieusement appelé le "Mouvement de la bande dessinée adulte", ce qui a permis qu'en France la bande dessinée accède enfin à l'âge adulte. Le groupe d'auteurs qui a déjà travaillé à Pilote - Claire Bretécher, Marcel Gotlib et Nikita Mandryka – a lancé en 1972 un label indépendant Éditions du Fromage et le magazine indépendant L'Echo des Savanes. Contrairement à Pilote de Dargaud qui était déjà établi, dans laquelle était cultivé tradition de la bande dessinée familiale, destinée à tous les âges, L'Echo des Savanes avait l'intention de s’adresser aux adultes, aux lecteurs matures. D’abord, le magazine a publié uniquement les bandes dessinées de trois fondateurs, et il est sorti sur une base trimestrielle. Depuis 1974, le magazine a commencé à publier les œuvres de plusieurs autres auteurs qui ajustaient conceptuellement dans la politique éditoriale de la maison. D'abord, c’était Alexis, Harvey Kurtzman et Moebius. Le magazine est très rapidement devenu bimestriel, et puis, en 1976, mensuel. Il a alors été possible de trouver des œuvres de Richard Corben, Robert Crumb, Dick Giordano, Jacques Tardi et beaucoup d'autres grands maîtres de la bande dessinée. Avec le temps le magazine a changé de propriétaires et, avec plus ou moins de succès, a continué publier à ce jour (avec une brève interruption). Bien que le magazine ait continué d'exister, L’Éditions du Fromage a été étendue déjà en 1982. Durant une dizaine d'années d’existence constante, L’Éditions du Fromage a publié une dizaine de titres sous la forme d'albums. Bien évidement, la liste des auteurs n’est pas large, mais plus que respectable – on y peut trouver Bernie Wrightson, Joe Kubert et Jean-Claude Forest, mais ce qui est plus important pour nous; la première publication d’album était Le Bandard fou de Moebius.

Le Bandard fou est la bande dessinée qui a connu un grand succès. La totalité du tirage a été vendu dans moins d'un an. Avec son alter ego, Jean Giraud a connu une affirmation assez rapide, et le plus précieux était encore à venir. De cette recette similaire qui a été créé dans la cuisine d’Éditions du Fromage, surgit une tâche, encore plus importante. Suivant l’exemple d'auteurs qui ont fondé cette maison, à la recherche d'une plus grande liberté, Moebius a fondé avec ses amis, les auteurs aussi du talent incroyable, Philippe Druillet et Jean-Pierre Dionnet, et l’homme d'affaires, Bernard Farkas, une nouvelle maison d'édition Les Humanoïdes Associés où ils ont lancé le magazine Métal Hurlant, qui, du point de vue d'aujourd'hui, représente l'un des événements les plus importants dans l'histoire de la bande dessinée. Métal Hurlant est la phrase qu’on peut traduire comme hurlement métal. Et c'est précisément un tel effet que ce magazine a produit. C'était quelque chose qui vous hurle dans le visage, quelque chose impossible à ne pas remarquer. Énergie débridée de jeunes auteurs qui rompent les barrières. Supernova! Il n'est donc pas surprenant que ce magazine a reçu son édition américaine en 1977 sous le nom de Heavy Metal. Après, on va voir les éditions espagnols, allemands et italiens...

Métal Hurlant a d'abord été publié sur une base trimestrielle. Le septième numéro est devenu bimestriel, afin d'avoir le neuvième numéro déplacé à un rythme mensuel. Chaque numéro avait 68 pages, dont 18 en couleur. Il a été publié à partir de décembre 1974 à juillet 1987, quand il s'arrêta. Durant cette période, 133 numéros ont été publié. Richard Corben, Bernie Wrightson, Milo Manara, Guido Crepax, Enki Bilal, Hermann Hupen, Jordi Bernet, Alejandro Jodorowsky, Antonio Segura et de nombreux autres auteurs extraordinaires de bandes dessinées (ainsi que les fondateurs de la revue, bien sûr), ont publié ses bandes dessinées dans ce journal unique et c’est le meilleur indicateur de la prestigieuse du Métal Hurlant. En plus des BDs, dans chaque numéro on pouvait trouver des critiques des livres et des films de science fiction. Quinze ans après la fermeture du magazine, Les Humanoïdes Associés ont essayé de le réanimer, mais il a fini au bout de deux ans et 14 numéros. Son frère jumeau américain, Heavy Metal, est encore actif, il sort tous les deux mois et il a déjà 270 numéros. Bien que plus tard Heavy Metal a commencé à développer son propre politique éditorial et à publier les premières de certaines BDs, au début le contenu de l'édition américaine a été composé uniquement de traductions de BDs déjà publiés dans Métal Hurlant. Grâce à Heavy Metal, le public américain a eu l'occasion de lire des bandes dessinées d’auteurs européens qui, bien qu’ils ont déjà connu la reconnaissance en Europe, n’entaient pas connus parmi les lecteurs de l'autre côté de l'océan. Par exemple, dans les quatre premiers numéros de Heavy Metal (Avril-juillet 1977), les fans de la bande dessinée aux États-Unis ont eu l'occasion de découvrir Arzach de Moebius.

La BD que vous tenez dans vos mains est donc le premier que Moebius a publié dans Métal Hurlant. Il a apporté quelque chose de jamais vu auparavant dans l'expression artistique. La virtuosité graphique qui ne charge pas les lignes du dessin et qui reste extrêmement propre. En termes de narration, Moebius était si qualifié artistiquement et techniquement, qu’il n’avait presque pas besoin de paroles. Une telle méthode de narration dans la bande dessinée était alors sans précédent. Dans plusieurs histoires distinctes nous suivons les aventures d'un guerrier et son ptéroïde (sorte de ptérodactyle) dans un monde riche et fantasmagorique. Tout éclate avec le mouvement et la couleur, et le cadrage réduit se mélangent avec de grands plans grandioses, de détails surpeuplés qui ont généralement une importance plus ou moins atteint. Arzach est l'album dans lequel univers de Moebius a commencé à obtenir des contours clairs, qui, même si on les trouve oniriques et sans cesse variables, va former un style architectural distinctif qui sera facilement identifié dans les bandes dessinées ultérieures de Moebius. Ce qui est encore plus important, l'interprétation d’Arzach dans le contexte de l'époque dans laquelle il a été créé, n’est là qu’un seul côté de la médaille. Ou, pour être compatible avec le paradoxe et l'absurdité qui caractérise cet œuvre, un seul côté de la BD de Moebius. Arzach, comme nous l'avons vu, a une grande importance dans l'histoire de la bande dessinée moderne. Mais en même temps, il fonctionne également sans aucune connaissance préalable. C'est ce qui rend toutes ces classiques intemporels, n'est-ce pas?

Giraud et Moebius - Les deux côtés du miroir

Jean Henri Gaston Giraud est né le 8 mai 1938 à Nogent-sur-Marne, en banlieue de Paris. Il était le seul enfant de parents assez vite divorcés, alors que Giraud n'avait que trois ans. Dans de telles circonstances, la plupart du temps de son enfance il a passé avec ses grands-parents. Dans quelle mesure ce fait a influencé son chemin de vie ultérieure, on va laisser aux psychologues à évaluer. En dépit de ces développements, ses parents auront certaine importance dans sa vie. Son père était un personnage mystérieux, comme Giraud lui-même a déclaré plus tard, qui faisait des travaux dont personne n’a jamais parlé, ce qui était très fascinant et captivant pour le garçon. Aussi, son père était celui qui l’a introduit à lire la science fiction. Quelle est la signification de ce fait, on verra en lisant les bandes dessinées de Moebius. Sa mère était vendeuse, d’un esprit gai, naïf et un peu aventureux. Pendant une période de sa vie, elle a vécu avec un joueur de poker professionnel, et assez vite elle est allée vivre au Mexique, où elle s'est remariée. Visites périodiques ultérieurs chez sa mère au Mexique exotique auront pour le jeune dessinateur à peu près la même puissance comme la lecture de science-fiction. Après la fin de l’école primaire, jeunes Giraud a fait une pause de deux ans, et puis, en 1955, à l'âge de seize ans, il s’inscrit à l'Institut des Arts Appliqués. Dans la même classe avec lui est un autre géant de la bande dessinée française, Jean-Claude Mézières. Parmi eux est née une amitié profonde qui durera jusqu'à la mort de Moebius. Après deux ans, il a abandonné les études et a décidé d'aller au Mexique chez sa mère qui s’est mariée pour la seconde fois. Bien que plus tard il ait parlé qu'il avait besoin d'une figure paternelle, il ne l’y trouva pas, car entre-temps, sa mère a divorcé de son second mari. Mais il a souvent souligné que ce temps qu'il a passé au Mexique pour lui a été une expérience merveilleuse, plus importante que sa troisième année d'études. Il a dit qu'il y a rencontré la musique bebop, la marijuana et le sexe, les choses qui l’ont changé à la fois physiquement et mentalement. Il a passé huit mois au Mexique, puis est revenu en France, où il a passé une période de vingt-sept mois dans le service militaire obligatoire. Il a servi seize mois en Allemagne et le reste en Algérie. Ce fut le temps de paix et soldat Giraud y a cherché chaque moment qu'il pouvait à se retirer dans un coin et dessiner. À l'expiration de cet engagement, en 1961 et à son retour en France, il a commencé l collaboration avec le célèbre auteur de bandes dessinées, Joseph Gillain, mieux connu sous le pseudonyme Jijé (1914-1980). Jijé avait déjà une expérience formidable, très respecté western Jerry Spring et était l'un des principaux auteurs de l'hebdomadaire belge Spirou. La collaboration avec Jijé lui a amené cette figure paternelle qu’il avait cherchée si longtemps, aussi bien que le mentor dans le monde de la bande dessinée. Il a aidé à son professeur en tant qu'assistant, et dans le onzième album de Jerry Spring – La Route de Coronado (publié chez nous dans le magazine Gigant, numéro 5), il a été chargé de l'encrage. Il s’est développé rapidement et déjà en 1962, il a obtenu un nouvel emploi. Le magazine Pilote, hebdomadaire de Dargaud, a lancé le 31 octobre 1963 une des séries western le plus connu, et c’est avec l’épisode de Fort Navajo que la saga du lieutenant Mike Steve Donovan, dit Blueberry a commencé. L’auteur de scénario est le doyen de la bande dessinée franco-belge, l’auteur de Buck Danny, de Barbe Rouge, des aventure de Tanguy et Laverdure... Jean-Michel Charlier (1924-1989), tandis que le dessin est confié au jeune et prometteur Giraud sur recommandation de Jijé. Dès lors, Blueberry et Giraud seront inséparables pendant plus de quatre décennies. Si on n’analysait que cette partie de sa bibliographie, qui a été signé sous son vrai nom, Blueberry serait sans aucun doute son opus magnum. Jusqu’en 2005, en tant que dessinateur et scénariste occasionnel, il a laissé derrière lui 28 albums du Lieutenant Blueberry et trois autres albums du Marchall Blueberry et de La jeunesse de Blueberry. Le travail sur une série exigeante et principalement commerciale a nécessité la précision de l'artisanat, aussi bien que de la conformité aux exigences de forme et de genre. Sans mentionner que le travail devait être exécuté dans le délai fixé. Plus tard, Giraud interprétera tout cela comme une bénédiction qu'il lui a donné la discipline nécessaire. Aussi, chaque fois qu'il voulait atterrir d’hauteur moebiusque, il pouvait toujours trouver refuge dans cette série qui lui a fourni la sécurité nécessaire. Le traitement que Blueberry avait chez le public et les critiques illustre le mieux quelle compétence glorieuse avait Giraud. Ce que Giraud considérait comme retour aux cours classiques et normales, sur des nombreux plans (cadrage, la dynamique du film, incroyable virtuosité du dessin, ce qui ne nuit pas en aucune façon le récit...) était original, créatif et inaccessible à la plupart des auteurs.

Dix ans après le premier départ, en 1965, Jean Giraud à nouveau voyage au Mexique. Cette fois-ci, il aura des expériences complètement différentes. Il a parlé plus tard de ses expériences avec la solitude, l'anxiété, de l'expérimentation avec des champignons hallucinogènes. De nombreux théoriciens croient que ces séjours au Mexique ont initié ce changement à devenir Moebius. Au retour de ce deuxième voyage, Giraud a passé toute décennie dans un flou artistique. Il a travaillé sur Blueberry et sans cesse a développé sa technique de dessin. Occasionnellement, il a travaillé comme illustrateur de livres de science-fiction, dessiné des affiches, mais la transformation créatrice de la Moebius n'a pas été visible. À vrai dire, les premières bandes dessinées sous le pseudonyme de Moebius il a publié déjà dans le magazine satirique Hara-kiri, en 1963 et 1964. C’était des BDs courtes de science-fiction, il y’en avait vingtaine. Mais après 1964, Moebius a "disparu". Seulement dix ans plus tard, en 1973 et de nouveau en 1974 il utilise à nouveau ce pseudonyme pour les bandes dessinées courtes dans le magazine Pilote. Aujourd’hui, on peut apercevoir une certaine ébauche d’éruption qui va suivre.

En 1974, Giraud a publié le premier album sous le pseudonyme de Moebius pour Éditions du Fromage. Le succès était énorme. Le Bandard fou a été le premier album publié par la maison d'édition indépendante. Suivant exemple d’auteurs qui ont fondé cette maison, et à la recherche d'une plus grande liberté, Moebius lance un nouveau label Les Humanoïdes Associés avec ses amis, aussi excellents dessinateurs, Philip Druillet et Jean-Pierre Dionnet, avec l'aide d'homme d'affaires, Bernard Farkas. Sous Les Humanoïdes Associés ils ont aussi lancé le magazine Métal Hurlant, qui du point de vue d'aujourd'hui, est l'un des événements les plus importants dans l'histoire du monde de la bande dessinée. Dans les pages de ce magazine, Moebius publiera une série de bandes dessinées innovantes, à commencer par Arzach, qui sortait de 1975 à 1976. Un peu plus tard, Arzach sera publié sous la forme d'album. Après Arzach, Moebius a commencé à travailler fiévreusement. An après an, il crée des nouveaux albums. Il y expérimente et presque toujours y vient avec des solutions innovatrices et fascinantes, révélant, semblable à un cartographe, les espaces inexplorés et laissant sans prétention des signes que, malgré leur clarté, n'est pas facile à suivre, vu l’hauteur de place où il s’est aventuré. Ce qui suit est The Long Tomorrow, et Major fatal (Garage hermétique), Cauchemar blanc, Les Yeux du Chat (d’après le scénario d’Alejandro Jodorowsky), Le Monde d’Edena (six albums durant près de deux décennies)… Toutes ces bandes dessinées seront publiées comme des albums à part, et à ce jour ils connaîtront d'innombrables éditions et rééditions dans le monde entier. L’importance de Moebius et sa virtuosité ont été identifiés comme «un grand art» et aujourd'hui ses œuvres sont étudiés dans les universités et les écoles d'art du monde entier.

En dehors de tout ça, il y avait un autre moment très important dans l'histoire de la bande dessiné vers la fin des années soixante-dix. Le réalisateur chilien, d'origine ukrainienne, Alejandro Jodorowsky, a eu l'idée d’adapter pour cinéma le chef-d'œuvre de la littérature de science-fiction, Dune de Frank Herbert. Derrière lui, il avait déjà plusieurs films à succès (Fando et Liz, El Topo, La Montagne Sacrée), et les producteurs lui ont donné libre cours et budget illimité pour ce projet. Jodorowsky s’est mis à la recherche des artistes à travers le monde ("guerriers", comme il les appelait) qui vont lui rejoindre et s'unir autour d'idées mégalomanes de faire le film le plus spectaculaire jamais. Parmi les premiers, il a choisi Moebius, qui devait lui aider sur la mise en scène, cadrage, costumes... L’esprit ardent de Jodorowsky a réussi à unir équipe extraordinaire (Orson Welles, Salvador Dali, HR Giger, Dan O'Bannon, le groupe Pink Floyd ...), mais malheureusement, les producteurs ont perdu patience et ont abandonné le projet. Plus précisément, quelques années plus tard, ils l’ont confié à un autre grand réalisateur, David Lynch, mais le film a subi un fiasco complet. C'est pourquoi l'histoire de Dune de Jodo est devenu rêve inassouvi de tous les fans de la bande dessinée et du cinéma, et en particulier des fans de science-fiction. Mais ce rêve a lancé plusieurs événements très importants. L'une des conséquences a été l'entrée de Moebius dans le monde du cinéma. Qu'il suffise de dire qu'il avait un rôle créatif important dans la création de l'identité visuelle d’Alien, le Huitième passager, puis de TRON, l'Abîme, Le Cinquième Elément, et plusieurs autres films. L’autre conséquence importante (même plus important pour notre histoire) est l‘amitié étroite qui est née entre Jodorowsky et Moebius. Jodorowsky est un grand fan de la bande dessinée et lui et Moebius ont rapidement trouvé un langage commun. Ensemble, ils ont créé des titres inoubliables – Les Yeux du Chat, La Caste de Méta-Barons, Le Cœur Couronné et avant tout, L’Incal (1981-1988, en six parties). L’Incal s'est appuyé sur les idées créées au cours de la planification de Dune, jamais réalisé. En outre, c’était le début de tout un univers que Jodorowsky a construit plus tard avec d'autres dessinateurs (La jeunesse de John Difool, La Caste de Méta-Barons, Les Technopères et Final Incal).

Rencontre avec Jodorowsky a fortement influencé Moebius. Bien qu'au cours de sa carrière fertile il a travaillé avec de nombreux grands auteurs, il est certain que personne n'a fait un tel impact sur sa vie et son œuvre. Sous l'influence des idées de Jodorowsky, Moebius essaie de rendre la distance de sa vie quotidienne et de changer sa vie vers les sphères spirituelles. Il devient végétarien et rejette l'alcool, le tabac et les autres drogues. Tout d'abord, il s'installe en Suisse, et puis il a quitté l'Europe et s’en va à Tahiti. Mais il n’a jamais cessé de travailler et dessiner. Même à Tahiti. Dans une interview, il a mentionné qu'il n'y rien d’inhabituel dans tout ça, puisque les bandes dessinées peuvent être créés, puis publier de n'importe quelle partie du monde, à condition qu’il y a une boîte aux lettres dans le voisinage. Son séjour à Tahiti n'a pas duré longtemps, mais tous ces changements ont eu influence sur son travail et la perception de son propre art. Peut-être un peu hâtif, il décide de séparer Giraud et Moebius, comme des entités indépendantes, pour essayer de les intégrer et y trouver son troisième chemin. Pour achever cette transformation, il a commencé à signer ses nouvelles œuvres comme Jean Gir, ou plus souvent juste Gir. De cette période, il nous a donné quelques albums moins bien reçus (La Nuit de l’étoile, Le Cristal Majeur, La Dernière Carte, Venise Céleste et la BD principale de cette période, Sur l’étoile). En fin de compte, il a renoncé à cette expérience. Peut-être parce qu’il n'a pas entièrement réussi à se débarrasser de Giraud et de Moebius et d’exister comme Gir. Et tout au long de cette période, il n'a jamais cessé de dessiner Blueberry et L’Incal.

Après ce nouveau voyage dans l'inconnu, Moebius est de retour à l'ancien mode de vie, enrichi par des nouvelles expériences, plus calme, plus modéré et plus sage. Il continue à travailler et créer dévouement, publiant ses œuvres jusqu'à sa mort.

Il est mort à Paris le 10 mars 2012, après une longue bataille avec le cancer. Malgré son âge, la nouvelle de sa mort a affligé le monde entier. Nous avons perdu un des plus grands artistes de notre temps. Son travail nous reste comme témoignage combien cette perte est grande (bien qu’on doit cependant accepter imminence de la mort). Et cet œuvre représente la source d'inspiration inépuisable, non seulement pour nous, mais aussi pour les générations qui ne sont pas encore nés.

На Растку објављено: 2016-01-05
Датум последње измене: 2016-01-06 19:39:08
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