Niccolò Tommaseo

Appendice (Canti popolari. Canti illirici, Venezia 1842)

Intorno alla stirpe greca e alla slava, e al comune lor culto, il Signor Blanqui di recente diede alcune notizie che paiono più severe di quel che sieno in verità. Le virtù domestiche, le quali egli confessa fiorire tra quelle genti, son tale conforto e ornamento alla vita, che parrà forse invidiabile a tempi materialmente più prosperi e più civili.

La nationalité serbe a une teinte religieuse et sévère cornine l' enthousiasme des martyrs qui ont versé leur sang pour la fonder. Dans toutes les fêtes, l' air ne cesse de retentir de chants religieux et guerriers. Les noms des saints du christianisme sont dans toutes les bouches, leurs images dans tous les temples, et celle de la Vierge (Panagia) dans toutes les habitations. Les prêtres serbes sont devenus officiers de l' état civil : progrès immense pour un pays où naguère les enfans des chrétiens n' étaient comptés que comme des têtes de bétail; sans droits, sans titres de famille, sans moyens de connaître leur âge, et souvent leurs parens. Ainsi le premier résultat de l' émancipation religieuse a été de consolider les liens de la famille…

Au sein de l'immobilité musulmane, s' agitent deux races d' origine diverse, les Bulgares et les Grecs; les uns descendant des Slaves de l' invasion; les autres, petits-enfans du Bas-Empire. Leur caractère est moins connu que celui de leurs mâitres, parce qu' ils vivent, depuis plusieurs siècles, cernés de tous côtés par le Danube et les trois mers, et aussi par la terreur de la peste, qui n' a pas moins contribué à les tenir dans un isolement presque absolu du monde civilisé. Cette grande famille greco-slave forme aujourd' hui les sept huitièmes de la population, à tel point que la chose la plus rara en Turquie est d' y trouver des Turcs. La population de ce pays ressemble à un troupeau errant dans la campagne, sous la garde de quelques pasteurs invisibiles et redoutés,

...Quoiqu'il y ait un patriarche grec à Costantinople, et un autre a Moscou, aucun lien de hiérarchie ni même de sympathie n' unit ces hauts prélats au clergé det provinces chrétiennes de la Turquie. La Servie a an métropolitain indépendant: la Valachie en a un autre. Le synode de Costantinople est sans influence réelle sur l' Église grecque. C' est un simple conseil d' administration composé d' évêques in partibus, qui résident habituellemet dans la capitale, et dont les noms sont à peu près ignorés. Ces évêques perçoivent, sous le bon plaisir des Turcs, de redevances considérables sur lear corréligionnaires. Une foule d' employés corrompus et parasites pullulent autour du patriarche et du synode, comme dans les plus mauvais jours du Bas-Empire. En vain le patriarche Grégoire voulutil, avant le révolation grecqae, soummettre le clergé à la discipline; il n' y put réussir même en s' entourant de l' autorité des suffragans les plus voisins de son siége; parce qu' ils étaient tous décriés et sans consistance, la plupart ayant commencé leur noviciat par des emplois humilians ou par la domesticité. Chaque évêque une fois assuré de son investiture, trop souvent achetée à prix d' argent, gouverne son diocèse comme il l' entend, en percepteur plus qu' en apôtre, satisfait de lever sur ses curés des tributs excessifs dont ceux-ci font retomber le poids sur leurt ouaillet. C' est ainsi que les habitudes de la cupidité musulmane ont pénétré dans le clergé grec. Auissi l' un des premiers soins du prince Milosch, en Servie, pendant son gouvernement, fut-il de régler par un tarif officiel les émolumens du clergé, et de réduire le nombre des ordinations, évidemment hors de proportion avec les besoins du service religieux.

La religion grecque, j' ai regret de le dire, n' est en ce moment qu' une vaste exploitation, dont les excès s' ajoutent à tous ceux qui pèsent depuis si longtemps sur les chrétiens d' Orient. La division du clergé grec en deux catégories, celle des célibataires et celle des prêtres mariés, affaiblit, en la partageant d' une manière inégale, la considération nécessaire à l' ordre tout entier. La plupart des prélats sont aussi avides que des pachas, et le plus grand nombre des popes est réduit à des démarches incompatibles avec tout sentiment de dignité. Les premiers rançonnent, les seconds mendient. Les évêques héritent du cheval, de la soutane et du mobilier des curés. Ils lèvent la dîme en nature, vendent à prix d' argent non seulement les sacremens, mais de ridicules amulettes pour la guérison des maladies; des prières pour la destruction des insectes, et jusqu'à l' absolution de certains crimes. J' ai vu plus d' une fois des prêtres qe cette église s'avancer processionnellement dans des cimettières dont les pierres tumulaires étaient toutes couvertes de mets choisis, de volailles rôties, de vins fins, que la crédulité naïve des populations y avait réunis pour le salut des morts.

Quoique personne n' ose encore attaquer ces pratiques naïves, leur retour trop fréquent écrase des populations déjà épuisées par la fiscalité des Turcs. Chaque prêtre essaie de cacher sa vie aux regards de ses supérieurs, soucieux eux-mêmes de la discipline , pourvu peu que leurs revenus soyent payés exactement. Quelle règle suprême pourrait planer sur ces curés de villages séparés entr eux par d' énormes distances, et qui n' ont jamais vu leur évêque ? Peu à peu chaque paroisse devient indépendante; le pasteur s' entend comme il peut avec l' autorité locale, fondant après les Turcs, si j' ose ainsi m' exprimer, ce qui reste de laine au troupeau. Toutes les misères des chrétiens d' Orient viennent de cette absence de pouvoir central bon ou mauvais, qui les laisse en proie à l' anarchie et l' isolement. Chaque village a son désert de forêts sombres ou de steppes dépouillés, où campent des tribus de Tsiganes, à la physionomie indone, au teint basané, aux membres grêles, parias de cette civilisation que la main du gouvernement n' a pu fixer encore sur aucun point du territoire, quoique ce territoire soit inculte, et les Tsiganes au nombre de plus de quatre cent mille.

Tout semble donc se soustraire à l' influence sociale dans ce pays que la nature avait si heureusement disposé pour en éprouver les bienfaits. Le christianisme n' y exerce qu' un empire sans cesse contesté par les maîtres du sol, et seulement digne de remarque, parce qu' il se trouve en opposition avec la conduite musulmane. Tei qu' il est affaibli, néanmoins, ce rayon de lumière a suffi pour empêcher le feu sacré de s' éteindre. Si la servitude les a abratis ces chrétiens, la persécution les a retrempés. Leur naïvete ressemble a celle des enfans, parce qu' elle est pure. Il croient assurément une foule de choses peu croyables, même aux yeux de la foi: mais leurs croyances sont douces, et n' ont rien du fanatisme et de l' intolérance des musulmans. La chasteté admirable de lears moears est le plus bel éloge de leur morale. On n' y entend jamais parler de séduction, d adultères ni d' enfans naturels; les assassinats y sont extrêmement rares, et presque toujours provoqués par les violences des Turcs. L' union des familles, le respect des enfans pour lears pères, la tendresse des pères pour les enfans, la bonhomie de tous, leur résignatioa, frappent vivement l' étranger qui parcourt leur pays [1],

Pour apprécier avec exactitude l' influence du principe chrétien sur l' avenir de la Turquie d' Europe, il est nécessaire de l' observer sous ses deux faces principales, grecque et slave parce que chacune de ces faces a une physionomie qui lui est propre. L' influence religieuse et littéraire appartient incontestablement à la famille grecque, qui occupe la partie méridionale et occidentale du pays. L' influence agricole et militaire semble plutôt l' apanage de la famille slave, la plus nombreuse et la plus aguerrie, si l' on en excepte les chrétiens albanais, dont les instincts pillards et vagabonds sont le fléau de la contrée. Les Grecs sont enfermés entre le Rhodope et les deux mers; les Slaves habitent les bords da Danube jusqa' au Balkan, séparés de leurs frères du Sud par les grandes vallées de la Bulgarie, depuis Nissa jusqa' à Adrinople. C' est dans ce vaste bassin de jonction que se décideront quelque jour les destinées des populations chrétiennes d' Orient [2].

  1. Nell' antica Mesia (dice altrove il Blanqui) son vallate men note a' viaggiatori di quel che sieno certe contrade d' America. In talune di codeste vallate che nessuna carta geografica accenna, io ho trovati abitanti ne' quali mirabile il vigore, la semplicità, la purezza, e il candore non disgiunto da senno. Vedi fresche le vestigia del cristianesimo antico. Quando sapevano da noi ch' eravam cristiani, quante domande sugli usi del culto nostro, le chiese, i preti, le cerimonie del battesimo, delle notte, della sepoltura!
    Ammirai con venerazione consolata i costumi bulgarici, purificati, pare, dalla lunga sventura; che ne' sacrarii della famiglia gli affetti innocenti, sempre minacciati di vicino dolore, si vennero rinforzando. Quivi le virtù che ne' nostri paesi d'incivilimento precipitato e d' immature libertà si dileguano. Obbedienti i figli, rispettate le donne, caste le mogli, i padri degni. Quindi progenie e sana e robusta ; gli nomini di grande statura, le donne nella compostezza vivaci,
  2. “ La Serbia ha magistrati e norme d' amministrazione sue proprie; ma piccolo esercito in ottima disciplina; milizia cittadina in gran numero; scuole novelle: e nelle carceri seguesi l' esempio d' America; se non che ciascun condannato in una cella da sè. Hanno poste, stamperia, giornali; forse troppo per popolo nuovo. Milosio primo apriva strade per mezzo a foreste, edificava ponti, metteva passi sui fiumi, istituiva quarantene al confine, fondava spedali nelle città. Io non ho visto altrove più rigidamente osservate le leggi di sanità, più badato ai viaggiatori, e per difenderli e per guardarsene. Il paese fecondo, irriguo, ameno, variato di colture e d'aspetti.”

Niccolò Tommaseo: Appendice, In: Canti popolari. Canti illirici, Venezia 1842. - pp. 25-29.

На Растку објављено: 2008-02-22
Датум последње измене: 2008-02-23 09:08:24
 

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